Le vélo trouve tranquillement sa voie

Le vélo trouve tranquillement sa voie
Dimanche 18 septembre.
Pour la journée sans voiture dans Paris, Upway met gracieusement à disposition 150 deux-roues. Leurs particularités ? Reconditionnés, ils sont vendus entre 20 et 60 % moins chers que des neufs. « Le vélo électrique vendu d’occasion suscite des craintes concernant notamment le moteur et la batterie, explique Toussaint Wattinne, le PDG d’Upway. Nous avons donc défini 20 points de contrôle qui portent sur les éléments de sécurité – le cadre, la fourche, les freins – et l’électronique. » Ces bicyclettes, garanties un an, proviennent de particuliers qui les proposent sur le site Internet de la start-up. Pour les achats, la livraison est effectuée au domicile ou dans l’une des 200 boutiques partenaires. Créée en novembre 2021, Upway a vu ses ventes mensuelles multipliées par dix depuis le début de 2022.
Le marché de la seconde main est porté par l’engouement pour la petite reine. « Les ventes ont progressé de 43 % ces deux dernières années », constate Jérôme Mortal, président de Ultima Mobility, qui, comme son nom ne l’indique pas, fait le pari de la filière tricolore. Son premier site a été inauguré le 15 septembre, à Saint-Priest (Rhône), et 90 % de ses composants sont français. Une garantie d’autonomie quand 80 % des éléments des 800000 engins assemblés en France proviennent de Taïwan. Pour concurrencer les prix asiatiques, Ultima utilise du carbone recyclé pour le cadre de son Multipath. Et ne produit qu’à la commande en garantissant une livraison entre quinze et vingt et un jours.

Le vélo a de fortes chances de progresser après les annonces gouvernementales.
D’une part, les aides sont renforcées. Le bonus pour l’achat d’un cycle neuf atteint
désormais jusqu’à 400 euros et il ne sera plus nécessaire de bénéficier d’une aide
locale – ce qui excluait les habitants des zones rurales où elle n’existait pas. Le montant atteint même 2000 euros pour les versions cargo, celles adaptées aux personnes handicapées, les remorques électriques et, nouveauté, les modèles pliants.
Quant à la prime à la conversion, accordée à une bicyclette électrique neuve ou d’occasion en échange de la mise au rebut d’un véhicule polluant, elle peut aller jusqu’à 3000 euros. Et désormais, plusieurs personnes d’un même foyer fiscal peuvent en bénéficier. Enfin, dans les zones à faibles émissions, l’État accorde
une aide allant jusqu’à 1000 euros, à condition d’obtenir une subvention locale.
D’autre part, le gouvernement a musclé son plan vélo, lancé en 2018. Le ministère de la Transition écologique estime que, depuis cette date, 10,8 millions d’unités ont été vendues, dont 1,9 million à assistance électrique.
En 2023, 250 millions d’euros seront destinés aux collectivités qui aménagent des pistes cyclables, des carrefours protégés, des passerelles au-dessus des routes ou des emplacements de stationnement. Voilà qui devrait en partie répondre au mécontentement des cyclistes qui, à 64 %, se plaignent de l’insécurité ou de la mauvaise qualité des pistes, selon la Fédération française des usagers de la bicyclette.
En quatre ans, 900 projets ont été accompagnés par l’État, surtout dans les
métropoles et les grandes agglomérations. Cela commence à changer. « De plus en plus de villes moyennes ou petites, comme Saint-Brieuc, Epinal ou Landerneau, commencent à s’équiper », se félicite Benoit Yameundjeu, PDG de Fifteen. L’entreprise accompagne les collectivités, qu’il s’agisse de la localisation des stations de recharge en fonction de l’emplacement des sites touristiques ou des déplacements domicile-travail... Elle les conseille également dans la gestion de leur flotte : le taux de rotation d’un vélo en libre-service est en effet de sept à neuf trajets par jour en haute saison (juin-octobre), mais de 1,5 seulement en basse saison. Il faut donc les réaffecter vers la location longue durée.
L’articulation avec les autres modes de transport va devenir cruciale avec la mise en place des zones à faibles émissions dans les agglomérations de plus de 150000 habitants. A partir du 31 décembre 2024, seuls les véhicules équipés de vignettes Crit’Air 1 ou 2 pourront y circuler. De ce fait, les trois quarts du parc automobile actuel en seront exclus. De quoi doper l’usage de la bicyclette, utilisée pour 3 % des trajets domicile-travail, selon Vélo & territoires.
Loin, très loin, de l’objectif de 9 % fixé par le gouvernement à l’horizon 2024.
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